LA SOCIÉTÉ MAGLUM À FALLON

L'aventure industrielle de Fallon débute au début du 18e siècle avec la mise en œuvre d'une forge avec haut-fourneau qui produit de la fonte pour la fabrication de boulets et de bombes. Le site est racheté en 1757 par la famille de Raincourt qui le revend puis en devient de nouveau propriétaire en 1831. Vers 1850 l'établissement va s'agrandir par de nouvelles constructions dont des ateliers, des magasins et des hangars. Vers 1877, le haut-fourneau crache une dernière fois le feu et le métal en fusion. L'usine se reconvertit et se spécialise dans la mise en œuvre d'appareils de chauffage à bois ou au charbon. Le temps n'est pas si loin où l'on trouvait encore en activité des fourneaux de la marque ''FALLON''. L'entreprise connait un regain d'activité au début 1900 avec la production de fonte émaillée. Elle ferme définitivement ses fortes en 1939.

Plan usine de Fallon

Comme nous l'avons vu dans le chapitre précédent, Maglum se trouve à l'étroit dans ses locaux de Sochaux et malgré son agrandissement, elle cherche un autre site pour se développer et c'est à Fallon qu'elle trouve une solution. Elle achète la propriété le 25 mars 1955 dont le rapport ci-dessous en donne les raisons et les avantages:

«Les considérations suivantes justifient le programme dont on trouvera plus loin le détail chiffré
A - DEVELOPPEMENT DE NOTRE ACTIVITÉ
Les chiffres ci-dessous en fixent la progression:
1953 : 223.000.000
1954 : 311.000.000
1955 : 504.906.000
1956 : 605.000.000
B - SATURATION DE NOS MOYENS DE PRODUCTION
Notre usine de Sochaux ne permet plus de faire face au développement de cette activité et nous devons faire appel à des sous-traitants dont les conditions sont onéreuses. Nous avons versé à ce titre :
En 1953 : 17,4 millions
En 1954 : 34,4 millions
En 1955 : 50 millions
En 1956 : 40 millions
C - IMPOSSIBILITÉ DE N0US ÉTENDRE A SOCHAUX MÊME
Le recrutement de la main d'œuvre s'avère de plus en plus difficile car la Société des Automobiles PEUGEOT, dont la production doit atteindre 700 voitures par jour en 1956, renforce sans cesse ses effectifs. Bien qu'elle offre les plus hauts salaires de France, cette très puissante firme rencontre, néanmoins, des difficultés de recrutement de plus en plus grandes. En nous développant sur place, nous serions inévitablement conduits à faire surenchère sur le marché de la main-d'œuvre, déjà très tendu. Ce faisant, nous serions amenés à payer des salaires excessifs, et, en outre à porter ombrage à Peugeot, d'autant plus surement que si ce constructeur, avec lequel nous entretenons d'étroites relations, est notre principal client, nos relations avec les autres constructeurs tendent à se développer rapidement en raison même de la classe de nos fabrications.
ACQUISITION D'UNE USINE
Après de longs pourparlers, nous avons pu acquérir, dans des conditions particulièrement avantageuses, les anciennes Fonderies de FALLON (Haute Saône) qui présentent pour nous de nombreux avantages:
1- Situation à 35 km de Sochaux, assez loin pour ne pas porter ombrage à Peugeot, mais néanmoins assez proche pour que notre direction de Sochaux puisse aisément suivre l'exploitation.
2- Bâtiments industriels, couvrant 3.400 m2 au sol, convenant bien à nos besoins et dont l'aménagement n'entrainera que des frais limités
3- Bâtiments d'habitation (villas, maisons et cites ouvrières) comportant une centaine de pièces, réparties en une trentaine de logements, permettant d'amener et de fixer sur place une partie de la main d'œuvre nécessaire.
4- Á noter à ce sujet que cette région de la Hte Saône est en état de complet sous emploi ce dont témoignent les 30 logements vides à Fallon et cette usine sans aucune activité depuis 20 années. A ce propos, précisons que nous comptons embaucher à Fallon 200 personnes environ.
5- Pas de problème de transports : l'intense camionnage Sochaux-Paris (200 camions par jour) passe par Villersexel, à 4 km de Fallon. Les relations dans les deux sens avec la Région Parisienne, où est concentrée la majeure partie de l'industrie Automobile en France, seront ainsi assurées aux meilleures conditions possibles. Quant à la liaison Fallon-Sochaux, elle sera assurée quotidiennement par un camion conduit par un ouvrier de Sochaux, auquel nous pouvons fournir un logement à Fallon : cet ouvrier amènera le matin le camion chargé le soir à Fallon et ramènera le soir le camion chargé dans la journée, à Sochaux, ce, en dehors de ses heures de travail, et, par conséquent, sans frais de personnel pour nous.
6- Nous disposons à Fallon d'uni réserve d'eau pratiquement inépuisable (étang-réservoir 2 hectares, 180.000 m3 d'eau, aménagé autrefois pour l'alimentation d'une turbine) qui assurera, par écoulement naturel l'évacuation des poussières de polissage, évacuation qui, dans les conditions habituelles d'exploitation, n'est jamais convenablement réalisée. Étant donnée l'Importance des opérations de polissage dans nos fabrications, il s'agit là d'un avantage particulièrement appréciable.»

«Les bâtiments industriels et les terrains conviennent bien à nos besoins et l'emménagement en sera effectué progressivement. Les bâtiments d'habitation villas, maisons et cités ouvrières, comportent une centaine de pièces réparties en une trentaine de logements permettant d'amener et de fixer sur place les cadres et une partie de la main d' œuvre venant renforcer celle existant dans la région. Nous disposons également à FALLON d'une réserve d'eau pratiquement inépuisable fournie par un étang réservoir de 11 hectares, aménagé autrefois pour l'alimentation d'une turbine et dont nous comptons nous servir pour l'exploitation normale de l'entreprise, grosse consommatrice d'eau. Cette usine se trouve à 35 kms de SOCHAUX, assez loin pour ne pas porter ombrage à la région de Montbéliard mais néanmoins assez proche pour que notre Direction de Sochaux puisse aisément en suivre l'exploitation. Nous comptons aménager rapidement une partie de cette usine pour répondre aux commandes que nous espérons et qui sont actuellement en bonne voie de réalisation.» (Sources: retranscription de documents officiels d'archives Maglum).

De Sochaux, les moyens et la production sont transférés dans ce nouveau site où les anciens locaux sont transformés et aménagés pour recevoir les nouvelles machines et les chaines de fabrication. Au 31 décembre 1958, l'effectif comprend 290 ouvriers et 33 cadres-employés. Le service production effectue alors des semaines de 45 heures (presses, montage, zingage, atelier mécanique, etc..). Avec l'achat de cette ancienne usine, Maglum est aussi propriétaire d'une série de logements vides. La société passe une convention avec une partie de ses employés qui les occupent gratuitement pour une durée indéterminée. En voici trois exemples précis : exemple1, exemple2, exemple3. Entre début 1964 et fin 1965, l'effectif du personnel mensuel subit des fluctuations au gré des mutations et des besoins de l'usine de Ronchamp. En juillet 1966, l'effectif n'est plus que de 182 employés dont 21 mensuels. A cette époque Maglum a déjà commencé à rapatrier ses fabrications et le personnel sur le site de Ronchamp. Un service de transport par bus sera mis en place pour transporter le personnel du secteur Fallon-Gouhenans vers Ronchamp. En 1967, Maglum vend le site des anciennes forges et ne conserve que la partie en bleu sur le plan ci-dessus. C'est sans doute dans cette partie que s'installe un artisan-polisseur, M. Justin Gafray, qui travaillera pour Maglum jusqu'à la fin de la société en 1980. Lui aussi, établit une convention de logement avec l'un de ses employés. Vers 1975, la société SEPAM (Société d'Ébavurage, de Polissage et d'Avivage des Métaux) occupe alors les bâtiments auxquels s'ajoute la société Sofac (fonderie sous pression) qui cesseront toute activité vers 1990. Maglum était aussi implantée dans les bâtiments des anciennes salines de Gouhenans comme en témoigne cette fiche de paie-enveloppe.

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