L'ÉGLISE DE RONCHAMP : DE SAINT-HUBERT À NOTRE-DAME DU BAS

Le chœur de l’église

En 1269, Thomas, sire de Ronchamp, représentait à l'archevêque de Besançon, Eudes de Rougemont, que l'église paroissiale de Bourlemont étant d'un difficile accès, surtout en hiver, et éloignée de son château, qui était au bas de la montagne, il lui était très difficile de satisfaire sa dévotion, et même d'assister aux offices. En conséquence, il demandait qu'il lui fût permis de construire une chapelle dans son château. L'archevêque y consentit, à condition que ledit seigneur Thomas donne à messire Girard, curé de Bourlemont, et à ses successeurs, un meix (habitation rurale avec dépendances et attenante à un jardin ou verger) et certaines redevances en denrées et en deniers. La chapelle qui fut alors construite par le seigneur de Ronchamp, et où le curé descendait dire la messe quatre fois par semaine, était celle de Saint-Hubert, signalée plus tard comme bornant au levant le terrain du sieur Lallemand (maire), lequel terrain fut acheté en 1741 pour la nouvelle construction de l'église élevée, en ce temps, à l'endroit même où est l'église actuelle de la paroisse.

Ronchamp a été ravagé en 1632 par les troupes suédoises ce qui explique le manque de titres et de documents antérieurs à cette époque. Les registres les plus anciens remontent à 1643 où Messire Malbouhans était alors curé de la paroisse de Ronchamp avec une chapelle sur la colline de Bourlémont. En 1662 il est remplace par messire Guyot. En 1664, la cure passa à M. Corberand ; en 1682 à M. Ballay; en 1692, à M. Ringuel; ensuite à M. Jacques; en 1740, à M. Perney: c'est lui qui fit bâtir l'église de Ronchamp, il fut donc le dernier curé de Notre-Dame du Haut. Jusqu'à 1751 l'église paroissiale s'élevait sur la colline de Bourlémont. M. Aubry prit possession de la paroisse en 1760; M. Jean Richard en 1780; M. Grandvuillin en 1798; M. Beauchet en1796 et M. Pierchy en 1799. Après la période révolutionnaire, en 1803 c'est M. Clerc qui fut nommé à la cure de Ronchamp; il eut pour successeur M. Carité en 1822, lequel fut remplacé en 1836 par M. Cucherousset. M. Gauthier prit possession de la paroisse en 1839; il fut remplacé en 1853 par M. Faivre.

Nous avons vu dans un autre chapitre (Histoire de la colline de Bourlémont de 1678 à 1789) les problèmes de lieu de culte pour les cinq communautés de paroissiens (Ronchamp, le Rhien, la Selle, Mourière et Recologne). L'archevêque de Besançon, Mgr Antoine-Pierre II de Grammont, acte la décision d'en construire une nouvelle le 27 mai 1737 à la place de la chapelle Saint-Hubert, sur un terrain appartenant au maire, Antoine Lallemand. La première, l'église construite à partir de 1741 sous l'ère de l'abbé Jean-Claude Perney, devient l'église paroissiale du village sous le nom de Notre-Dame de Septembre, au détriment de l'église de la colline qui est déchue en simple chapelle dédiée au culte de la Vierge, rebaptisée Notre-Dame du Haut. À Ronchamp on a donc l'église Notre-Dame du Bas qui était l'église de la paroisse et la chapelle Notre-Dame du Haut. L'association familiale des fondeurs Dubois fournit 3 cloches pour cette église ; une de 2600 livres, une autre de 1400 livres et une troisième de 200 livres (soit environ 1170, 630 et 90 kg). La municipalité a envoyé un certificat de satisfaction le 10 juillet 1772. Il est probable que le fondeur était François-Athanase Dubois, le fils de Nicolas.

Rasée en 1863 parce qu'elle était trop petite, elle fût remplacée par l'Église actuelle. Construite entre 1863 et 1864 sur les plans de Jean-Baptiste Colart Jean-Baptiste Colart (né à Belfort le 7 septembre 1807- mort à Lure le 23 octobre 1893) elle a couté plus de 150.000 francs. C'est un architecte de Lure qui a contribué à la construction de nombreux édifices publics et religieux dans son département sous le second Empire : églises, fontaines-lavoirs, mairies (Noroy-Le-Bourg, Magny Danigon, etc...) L'église est de pur style néogothique, de proportions harmonieuses, le style a été respecté dans les détails (chapiteaux des colonnes). Son grand clocher en flèche s'élève à 60 mètres et comporte 3 cloches (Marie, Modestine-Louise et Joséphine-Marguerite), bénies en 1868 et réalisées par les ateliers Goussel de Metz. L'horloge installée vers 1770 a été fabriquée par l'Usine d'horlogerie Arsène Cretin-l'Ange de Morbier dans le Jura. Arsène est à la tête d'une affaire fondée en 1830 et c'est en 1877 qu'il crée sa propre usine d'horlogerie et en 1906 elle est rachetée par Léon Labrosse. En 1934, les Ets Charles Peccaud deviennent propriétaires du bâtiment, qu'ils convertissent en usine de petites moteurs électriques et d'avertisseurs pneumatiques pour automobile. Il y a quelques années l'horloge a été descendue car jugée ''trop bruyante''. De nos jours elle est exposée dans l'église sous une cloche en verre.

Le bâtiment se compose de la nef principale d'une hauteur de 25 mètres et de deux nefs latérales de 10 mètres (les trois de tracés ogivales), un transept et un sanctuaire à chevet triangulaire, on entre dans l'Église par trois beaux portails. Le mobilier date de la construction de l'Église et comprend également des orgues qui proviennent des Établissements Didier de Luxeuil-les-Bains (1864/1868). La 1ère réfection des orgues fût réalisée en mai 1949 (Koepfer) et la 2e réfection en 1962 par Mr Raymond Dominique de Rechotte, commune d'Autrechêne (Territoire de Belfort). L'autel principal, les autels latéraux et la chaire sont réalisés en stuc de la Maison Dreyer d'Altkirch (sculpteur-ébéniste Joseph Dreyer d'Altkirch) et ont été édifiés en 1872. Après la 2e guerre mondiale, les offices se déroulaient à la salle Marie-Ange chez Canet ou à la cure en attendant les réparations. Les vitraux, dont une partie fût détruite en 1944, ont été remis en état en 1947 par un atelier de Chalon sur Saône. Une statue de Sainte Barbe fait partie du mobilier en stuc imitant le marbre (origine inconnue). Sainte patronne des artificiers, des pompiers et surtout des mineurs, elle faisait partie de la procession le 4 décembre. En 2011 elle a été rénovée et mise en peinture par Tadeusz Lewandowski.

On ignore l'origine de cette Sainte Barbe mais il est probable qu'elle date de la période de la réalisation des autels et de la chaire par la Maison Dreyer. Elle est en stuc et de la même facture. Des indices et des témoignages précisent que cette Sainte Barbe était ''logée'' au château du directeur des Houillères dans l'entre-deux guerres. Thérèse Dodelier se souvient de la fête de Sainte Barbe à l'époque de la mine : ''Pour le fête, la statue était déposée devant l'autel de l'église. Durant la cérémonie les épouses des ingénieurs faisaient la quête. La statue repartait au château. Au château de la Houillère, il y avait une petite chapelle et la statue était dans la petite chapelle. J'allais chez des amies du Cours Complémentaire de Champagney dont les parents habitaient les maisons de la cité de la plate-forme et les maisons des ingénieurs.'' Yvan Rantic, mineur de 1945 à 1951 a écrit : ''La Sainte Barbe était une grande journée. Le matin était consacré à la messe. La statue de Sainte Barbe était descendue depuis la Houillère en cortège, musique de la mine en tête. Elle était portée par des trieuses jusqu'à l'église.'' Un autre témoignage rappelle que les femmes des ingénieurs distribuaient la brioche bénie offerte par la direction des mines. Depuis la fin de la mine Sainte Barbe est 'logée' dans l'église Notre Dame du Bas.

L'abbé Tournier a écrit ceci en 1884 : ''L'ancienne tour de l'église se trouvait au flanc nord du chœur, qui forme la vieille chapelle d'aujourd'hui, à l'endroit où se voit, dans un contrefort moderne, une antique statue de sainte Barbe. Cette statue est dans une niche en pierre que son style permet de rapporter à l'ancienne église.'' Le curé Belot a écrit ceci dans son manuel du Pélerin en 1939: '' L'ancienne tour du clocher se trouvait au flanc nord du chœur qui forme la vieille chapelle d'aujourd'hui, à un endroit où se voyait dans une niche en pierre une antique statue de Sainte Barbe que son style permet de rapporter à l'ancienne église. Ce motif a été retrouvé après l'incendie et enchâssé comme un reliquaire au-dessus de la porte du transept, côté de Ronchamp. L'antique statue de sainte Barbe a été retrouvée après l'incendie de 1913. Elle a été enchâssée au-dessus de la porte du transept coté Ronchamp.'' Selon le Dictionnaire des Communes : ''De l'ancien mobilier, il ne reste rien si ce n'est une statue de sainte Barbe, bois sculpté et repeint de la fin du XVIIIe qui a remplacé la belle statue du XVIIe de cette patronne de la mine, conservée actuellement par le chapelain de Notre-Dame-du-Haut.'' Question : qu'est devenue cette statue de Sainte Barbe ?

Carte Cassini Cadatre 1833 Plan Saint Hubert Carte postale colorisée Carte postale colorisée Carte postale
Carte postale colorisée L'église et le réservoir Eglise ronchamp Eglise ronchamp Eglise ronchamp Eglise ronchamp
Eglise ronchamp et passerelle Grand pont détruit Eglise et pont provisoire Après guerre Vue aérienne Vue aérienne 1960
Vue aérienne vers 1960 Eglise vue de la gare Sainte Barbe avant rénovation Sainte Barbe colorée Signature tailleur Signature tailleur
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