LES ÉTABLISSEMENTS WEISS-FRÉZARD-CLERGET-CANET À RONCHAMP

En 1839, Jean-Baptiste Frézard demande l'autorisation de transformer un moulin, situé à Ronchamp, en "fabrique de scies". Un établissement industriel voit le jour en 1841 (date rappelée dans les pages d'un catalogue de pièces de 1931), installé le long de la route impériale Paris-Belfort. J.B. Frézard est né le 2 mars 1805 et se marie avec Catherine Rosalie Adèle Quillery née le 28 septembre 1816. De leur union naissent trois enfants : Adèle Hortense née le 21 avril 1841, Alfred Jean Baptiste né le 11 juillet 1847 et Marie Geneviève née le 8 février 1851. Jean Baptiste dirige son entreprise et demande l'autorisation d'utiliser une petite machine à vapeur vers 1858. Une chaudière et une machine à vapeur locomobile fabriquées par les Établissements Welter de Mulhouse en 1857 aurait été certifiée en 1864. Cette machine aurait été utilisée pour entrainer des laminoirs et produire des ressorts.

Mais le 28 juin 1868 Jean Baptiste décède et c'est la fille ainée Adèle Hortense mariée à Joseph Weiss qui reprend les rênes de la fabrique. Elle agrandit les bâtiments et se spécialise dans la fabrication de pièces détachées pour les nombreuses industries textiles de la région. Au départ une poignée d'ouvriers travaillaient dans un petit atelier d'une centaine de mètres carré. En 1873 l'effectif est de 14 hommes et 3 enfants et en 1893 on y trouve 16 hommes et une douzaine d'enfants. Le 2 mai 1891, Joseph Weiss décède et l'entreprise prend alors le nom de Weiss-Frézard en 1893. Alfred Jean Baptiste continue l'œuvre de son père en collaboration avec sa sœur Adèle Weiss qui décèdera le 25 avril 1907. Alfred est commandant en retraite et Officier de la Légion d'Honneur. Il est le mari de Joséphine Jarre (1857-1918).

Lors du décès de Joseph Weiss, un voisin (Ferdinand Lamboley) signe l'acte de décès en compagnie d'un autre témoin et du Maire Jean-Thiébaud Frossard (maire de 1888 à 1892). Il s'agit d'Edmond Clerget, employé de la société qui deviendra plus tard un associé de Paul Canet. Edmond est le père de l'industriel Alfred Clerget qui sera député-maire de Servance et président du Conseil Général de la Haute-Saône. Il sera également aussi président de deux sociétés ; Madec et Mater. Marie Geneviève Frézard épouse Paul Albert Mitaine et seront les parents de Marguerite Marie le 5 aout 1891. Paul Albert Mitaine est Officier de la Légion d'Honneur et président de la section locale du Souvenir Français. Il était présent à l'inauguration du monument de 1870 à Ronchamp le 26 juin 1904. Marguerite Marie Mitaine épouse Paul Albert Canet vers 1910. C'est à cette époque que Paul Canet et Edmond Clerget (marié à Reine Faivre le 26 novembre 1908) sont associés dans la marche de l'entreprise. Le commandant Alfred Jean Baptiste Frézard décède le 1er décembre 1918 : l'acte est signé par Octave Beuret (Maire), Edmond Clerget (Directeur d'usine) et Alexandre Chippeaux comptable à l'usine. C'est à cette période que l'on trouve le nom de Clerget dans l'organigramme de la société, il décède le 30 avril 1926.

Paul et Marguerite Canet ont eu 3 enfants : Marie Ange en 1911, Alfred en 1915 et Bernadette en 1925. La famille Canet était très impliquée dans la vie religieuse de la cité. Marie Ange décède en 1929 à la fleur de l'âge (18 ans) et c'est sans doute en souvenir de cette jeune fille que Paul Canet fait construire une salle de cinéma paroissiale sur sa propriété et baptisée ''Salle Marie Ange''. Elle a servi également pour le patronage et on y jouait des pièces de théâtre. Elle était aussi le lieu de rencontre de La Jeunesse Ouvrière Chrétienne (JOC) où on y trouvait beaucoup de Polonais. Elle a servi pour les mariages et autres cérémonies religieuses pendant les travaux de réparations de l'église du centre. Les séances de cinéma se déroulaient le samedi soir et dimanche après-midi.

Bernadette décède en 1926 à l'âge de 15 mois. La famille a certainement participé financièrement au cout de la nouvelle cloche de la Chapelle. C'est ainsi qu'une cloche a été baptisée Anne, Marie, Alfrède, Bernadette le 15 aout 1936. Le 1er octobre 1943, Alfred Canet épouse la fille du Directeur des Houillères, M. Gaudoux. Ce mariage a laissé des souvenirs chez beaucoup de ronchampois (es) ; un long cortège de calèches tirées par de luisants chevaux a défilé depuis le hameau de la Houillère où la gente féminine avait revêtu ses plus belles robes ! En 1944 la cloche ''Anne-Marie Alfrède Bernadette'' s'est tue à jamais, fracassée par l'artillerie allemande. À la libération de Ronchamp en 1944, la chapelle est sévèrement endommagée par l'artillerie et les propriétaires se trouvent alors bénéficiaires de dommages de guerre. Ils se regroupent en Société Civile Immobilière avec un comité de reconstruction dont le secrétaire actif est Alfred Canet en septembre 1949. Le 25 juin 1955, lors de l'inauguration c'est Alfred Canet qui prononce le premier discours juste avant le message de Le Corbusier et la réponse de l'archevêque.

Dans les années 1930, l'entreprise dirigée par Paul Canet a beaucoup diversifié sa production et c'est tout naturellement que son fils Alfred va reprendre la destinée de l'entreprise. Dans un catalogue de 1931, elle présente ses produits dont une grande variété de ressorts pour toutes industries, des rondelles de toutes dimensions, des pièces, découpées, embouties, etc… Elle travaille pour l'industrie textile, les filatures et tissages, les ateliers de construction, l'automobile, l'aviation, la marine, les chemins de fer, etc. Elle possède des fours à tremper, à cémenter et à recuire. Plus tard elle fournira des ressorts pour Maglum. Pendant des décennies l'effectif tournera autour d'une centaine d'employés et même 130 à 150 dans les années 1960-1970. Mais la conjoncture économique n'est pas favorables aux petites entreprises qui ne peuvent lutter face aux grandes. Dans les années 1980-1990, c'est la fin de la société et malgré une tentative de redémarrage l'usine ferme définitivement ses portes vers 1994. Les bâtiments ont été acheté par un particulier et actuellement (2020) on y trouve des logements et quelques magasins.